
collection
— Rupture
12 € / 15.60 CHF
7 décembre 2009
300 p. / 130x200 cm
ISBN 978-2-940426-04-1
ISSN 1662-3231
Avec la publication des volumes 2 et 3 de La Révolution inconnue, de Voline, les éditions Entremonde ont achevé la réédition de l’un des ouvrages essentiels pour appréhender la révolution russe en dehors de la vision marxiste ou bourgeoise. L’auteur et témoin des événements y relate la répression anti-anarchiste du nouveau pouvoir bolchevique, les luttes des marins de Cronstadt et de l’armée insurrectionnelle d’Ukraine, deux mouvements populaires ayant eu le tort de s’organiser de façon autonome. Anarlivres, février 2010.
Le troisième et dernier livre de la Révolution inconnue nous plonge dans l’histoire des marins de Cronstadt et de l’armée insurrectionnelle d’Ukraine, deux mouvements populaires qui se sont auto-organisés indépendamment du pouvoir central imposé par les bolcheviks. Malgré leur défaite face à l’Armée rouge, ces deux expériences sont restées dans les mémoires comme étant le juste aboutissement de la Révolution russe, révolution qui a malheureusement échoué dans les mains d’un pouvoir trop gourmand et séparé des besoins du peuple.
Voline, de son nom complet Vsevolod Mikhaïlovitch Eichenbaum (1882-1945), fut un révolutionnaire russe participant à la makhnovtchina en tant que responsable de la culture et de l’éducation. Il s’exila en France suite à la répression bolchevique.
Nous avons dit que, indépendamment des réactions de droite, se formèrent vers la même époque et plus tard, des mouvements en sens opposé : mouvements révolutionnaires qui combattirent le pouvoir bolcheviste au nom de la vraie liberté et des vrais principes de la Révolution Sociale, bafoués et piétinés par les bolcheviks.
Notons, d’abord, que la politique générale néfaste, l’étatisme et le centralisme étouffants, le bureaucratisme effarant, l’impuissance flagrante, la « trahison » et la violence éhontée des bolcheviks provoquèrent des mouvements d’opposition et de révolte dans les rangs mêmes du gouvernement
et du parti.
C’est ainsi que dans l’été 1918 les socialistes-révolutionnaires de gauche, ayant jusque-là participé au gouvernement, le quittèrent rompant avec les bolcheviks, leur déclarant la guerre et succombant bientôt sous les coups de la répression.
C’est ainsi, également, que se forma plus tard, au sein même du parti bolcheviste, ce qu’on a appelé « l’opposition ouvrière » dont les premières manifestations contraignirent Lénine à publier son pamphlet connu sur le Gauchisme, maladie infantile1. Cette « opposition ouvrière » s’effondra également sous les coups répétés d’une répression implacable.
C’est ainsi enfin que, beaucoup plus tard, se formèrent, toujours au sein du gouvernement et du parti, d’autres mouvements d’opposition tous réprimés avec une férocité croissante.
Tous ces mouvements, nettement politiques et souvent sans audace, ne présentent aucun intérêt particulier. Certes, le futur historien y trouvera une matière fort édifiante pour peindre et juger ce régime. Mais au point de vue de la Révolution et de son sort, c’étaient, au fond, des « querelles de famille », malgré – parfois – les rigueurs de la lutte. Si ces opposants, réfractaires ou révoltés, l’avaient emporté, le pays aurait abouti à un changement de maîtres, sans que le fond de la situation subît la moindre modification. Les nouveaux maîtres auraient été fatalement acculés à la politique et aux méthodes de leurs prédécesseurs. Pour le peuple, rien n’eût changé. Ou, selon la formule, « plus ça aurait changé, plus ç’aurait été la même chose ».
Mais en dehors de ces troubles « de palais » se produisaient de temps à autre – et parfois sur d’assez vastes étendues – des mouvements de gauche essentiellement populaires : mouvements de masses, apolitiques, nettement sociaux et vraiment révolutionnaires.
Nous nous arrêterons surtout à deux de ces mouvements les plus conscients, les plus importants et les moins connus : celui de Cronstadt, en mars 1921, et celui d’Ukraine qui, vaste et vigoureux, a duré presque quatre ans, de 1918 à fin 1921.
1. Traduction exacte du titre russe.