collection
— A6
5 € / 6.5 CHF
13 novembre 2012
10,5x14,8 cm
ISBN 978-2-940426-25-6
ISSN 2624-7887
Postface de Mathieu Léonard + Lire
Quand le prolétariat met à l’ordre du jour la dissolution de l’ordre mondial en place jusqu’à présent, il n’énonce rien d’autre que le secret de sa propre existence immédiate, car il est la dissolution de fait de cet ordre mondial. Quand le prolétariat exige la négation de la propriété privée, il ne fait qu’élever en principe de la société ce que la société a élevé en principe pour lui, ce qui est déjà et malgré lui incarné en lui : le résultat négatif de cette société. — K. Marx
« Ce n’est pas Le Capital qui rendit Marx célèbre de son vivant, mais bien la Commune de Paris, qui n’était pas son œuvre », affirmait Maximilien Rubel, afin de replacer l’influence du penseur communiste dans son contexte historique. On pourrait ajouter que La Guerre civile en France contribua à son tour à l’édification de la Commune au rang de mythe du prolétariat. L’influence de ce puissant panégyrique, écrit dans les derniers jours de l’insurrection parisienne, n’a cessé de galvaniser l’élan révolutionnaire de générations entières durant le siècle passé, tandis que les gardiens de l’orthodoxie cherchaient à édulcorer sa tonalité la plus radicale.
Figure incontournable du mouvement ouvrier, Karl Marx (1818-1883) fut un journaliste et théoricien révolutionnaire allemand du XIXe siècle. Ses écrits portent sur de nombreux domaines tels que la philosophie, l’économie, l’histoire et bien d’autres. Il s’engagea aussi politiquement, d’abord dans la Ligue des Communistes puis dans l’Association internationale des travailleurs.
« Ce n’est pas Le Capital qui rendit Marx célèbre de son vivant, mais bien la Commune de Paris, qui n’était pas son œuvre1 », affirmait Maximilien Rubel, afin de replacer l’influence du penseur communiste dans son contexte historique. On pourrait ajouter que La Guerre civile en France contribua à son tour à l’édification de la Commune au rang de mythe du prolétariat. L’influence de ce puissant panégyrique, écrit dans les derniers jours de l’insurrection parisienne, n’a cessé de galvaniser l’élan révolutionnaire de générations entières durant le siècle passé, tandis que les gardiens de l’orthodoxie cherchaient à édulcorer sa tonalité la plus radicale. Tout comme L’Internationale, le poème d’Eugène Pottier – écrit dans le mois qui suivit la Semaine sanglante –, La Guerre civile en France réussit à transcender l’atroce défaite en symbole d’espoir.
Il fallait d’abord et surtout défendre l’honneur de la Commune contre le flot de calomnies et d’ordures que répandaient sur elle la presse bourgeoise et les gouvernements des grandes puissances européennes. Ces calomnies avaient éclaboussé Marx lui-même, que l’on présentait désormais comme le « grand chef de l’Internationale », l’instigateur de l’insurrection depuis Londres, mais aussi comme « l’ex-secrétaire privé du comte de Bismarck » sans doute encore en relation avec son ancien patron. Dès les débuts de la guerre franco-prussienne, la rumeur d’un Marx pangermaniste avait circulé dans les milieux révolutionnaires hostiles à Marx. Félix Pyat, l’opposant historique à l’Empire, aurait même prétendu que Marx avait été payé 250 000 francs par Bismarck. « Si l’on considère, d’une part, l’idée que l’on se fait en France d’une telle somme et, d’autre part, la radinerie prussienne, c’est pour le moins une estimation de qualité ! » avait ironisé Marx dans une lettre à Engels du 3 août 1870.
Au début des hostilités, dans un élan de haut stratège, Marx n’avait-il pas effectivement tonné contre le chauvinisme français et souhaité la défaite de la France, considérée comme l’agresseur ? « Les Français ont besoin d’être rossés, écrivait-il. Si les Prussiens sont victorieux, la centralisation du pouvoir de l’État sera utile à la centralisation de la classe ouvrière allemande. La prépondérance allemande, en outre, transportera le centre de gravité du mouvement ouvrier européen de France en Allemagne ; et il suffit de comparer le mouvement dans les deux pays, depuis 1866 jusqu’à présent, pour voir que la classe ouvrière allemande est supérieure à la française tant au point de vue de la théorie qu’à celui de l’organisation. La prépondérance, sur le théâtre du monde, du prolétariat allemand sur le prolétariat français serait en même temps la prépondérance de notre théorie sur celle de Proudhon2. » À la rivalité entre socialisme français et socialisme allemand s’ajoutait l’impatience de voir s’écrouler le Second Empire. Cela fait-il pour autant de Marx un agent de l’impérialisme prussien dans ce conflit purement dynastique ? Certainement pas. Avant même que l’Empire s’effondre à Sedan et que se précisent les projets d’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemagne, Marx n’hésitait pas à rappeler les principes de solidarité internationale au prolétariat allemand, lui-même pris de convulsions belliqueuses. Marx soutint les efforts de défense nationale française contre le militarisme prussien. Ainsi début avril 1871, son ami Engels, féru de stratégie militaire, établissait un mémorandum sur la défense de Paris à la demande du gendre de Marx, Paul Lafargue. À la mort d’Engels, August Bebel et Eduard Bernstein, leaders de la social-démocratie allemande et ses légataires politiques, détruisirent le document pour ne pas fournir de preuve aux forces réactionnaires de sa déloyauté vis-à-vis de l’Allemagne.
Marx prônait néanmoins la prudence et s’il estimait en septembre 1871 que ce serait une folie désespérée que de se jeter dans une aventure révolutionnaire avant la signature de l’armistice, il se félicitait en décembre que « [la guerre ait] exercé le prolétariat français au maniement des armes », ce qui était « la meilleure garantie pour l’avenir3 ». Selon lui, le mouvement ouvrier devait d’abord se réorganiser et la résistance patriotique puiser de nouvelles forces afin de donner « enfin à la guerre un caractère vraiment révolutionnaire ». Les deux lettres adressées à Kugelmann au mois d’avril 1871 attestent de cette exaltation inquiète et annoncent la puissance de vue et de style de La Guerre civile :
« Si tu relis le dernier chapitre de mon 18 Brumaire, écrit-il le 12 avril, tu verras que j’y prévois que le prochain assaut révolutionnaire en France devra s’attacher non plus à faire passer la machine bureaucratico-militaire en d’autres mains, comme ce fut le cas jusqu’ici, mais à la détruire, et que c’est là la condition préalable de toute révolution véritablement populaire sur le continent. C’est aussi ce qu’ont tenté nos héroïques camarades de Paris. De quelle souplesse, de quelle initiative historique, de quelles capacités de sacrifice ont fait preuve ces Parisiens ! Après six mois de famine et de destructions dues à la trahison intérieure plus encore qu’à l’ennemi extérieur, ils se soulèvent, sous le règne de la baïonnette prussienne, comme s’il n’y avait jamais eu de guerre entre la France et l’Allemagne, comme si l’ennemi n’était pas toujours aux portes de Paris ! L’histoire n’a pas connu à ce jour d’exemple aussi grand !
S’ils succombent, la faute en sera uniquement à leur « magnanimité ». Il eût fallu marcher aussitôt sur Versailles, après que Vinoy d’abord, les éléments réactionnaires de la Garde nationale parisienne ensuite, eurent eux-mêmes laissé le champ libre. On laissa passer le moment propice par scrupule de conscience : on ne voulait pas déclencher la guerre civile, comme si le méchant avorton de Thiers ne l’avait pas déjà déclenchée lorsqu’il tenta de désarmer Paris ! Deuxième faute : le Comité central abandonna trop tôt le pouvoir en cédant la place à la Commune. Encore par un excessif scrupule d’« honneur » !
Quoi qu’il en soit, même si elle est en train de succomber devant les loups, les porcs et les chiens de la vieille société, l’actuelle insurrection de Paris est le plus glorieux exploit de notre parti depuis l’insurrection parisienne de juin 1848. Que l’on compare ceux qui, à Paris, sont montés à l’assaut du ciel avec ceux qui sont les esclaves du céleste Saint-Empire romain de la Germanie prussienne, avec ses mascarades posthumes et ses relents de caserne et d’église, de féodalité et surtout de philistinisme4. »
Puis le 17 avril, il conclut son courrier par ces paroles clairvoyantes :
« Grâce à la lutte des Parisiens, la bataille de la classe ouvrière contre la classe et l’État capitalistes est entrée dans une phase nouvelle. Quelle qu’en soit l’issue, c’est la conquête d’un nouveau point de départ d’une importance historique universelle. »
Marx déplorait l’excès de modération du Comité central de la Garde nationale, qui aurait dû attaquer Versailles avant que Thiers ne reconstitue son armée, c’est-à-dire avant même les élections du 26 mars, qui consacrèrent la proclamation de la Commune. L’urgence de la victoire militaire primait sur la légitimité démocratique. Autre cas de légalisme timoré des communards, ceux-ci auraient dû, selon Marx, se saisir de la Banque de France, afin de mettre fin aux « fanfaronnades des Versaillais ».
Dans une lettre au professeur Edward Spencer Beesly, Marx rappelait aussi le détail des liaisons qu’il put établir et des conseils – restés sans effet – qu’il pût prodiguer aux communards Auguste Serraillier, Léo Frankel ou Eugène Varlin :
« Un marchand allemand qui voyage toute l’année pour affaires entre Paris et Londres, a assuré la liaison entre la Commune et moi. Tout était réglé oralement, sauf pour deux affaires.
Par cet intermédiaire, j’ai envoyé premièrement aux membres de la Commune une lettre de réponse à la question qu’ils me posaient sur la possibilité de négocier certaines valeurs à la Bourse de Londres.
Deuxièmement, le 11 mai, dix jours avant la catastrophe, j’ai envoyé par le même canal tous les détails de l’accord secret entre Bismarck et Favre à Francfort. L’information m’avait été transmise par un collaborateur direct de Bismarck qui appartint jadis à une société secrète5 que je dirigeais.
Si la Commune avait écouté mes avertissements ! Je conseillais à ses membres de fortifier le côté nord des hauteurs de Montmartre, le côté prussien, et ils avaient encore le temps de le faire ; je leur disais d’avance qu’autrement ils tomberaient dans une souricière ; je leur dénonçais Pyat, Grousset et Vésinier, je leur demandais d’envoyer immédiatement à Londres tous les papiers qui compromettaient les membres de la Défense nationale, pour pouvoir, grâce à eux, tenir dans une certaine mesure en échec la sauvagerie des ennemis de la Commune, ce qui eût fait partiellement échouer le plan des Versaillais6. »
L’appui de Marx à la Commune n’excluait pas de sévères jugements à l’encontre d’une partie de ses membres, notamment ceux de la French Branch, qu’il
avait vaguement côtoyés dans les années précédentes, du temps de leur proscription à Londres. Ainsi, Félix Pyat était considéré comme un « dangereux poseur révolutionnaire » et Pierre Vénisier, autre agitateur bien connu, comme un « individu dénué de tout scrupule ». L’aventurier Gustave Cluseret, qui se prévalait du grade de général, était taxé de « fumeux » et d’« âne », La Cécilia de « sot », Jules Bergeret, un des chefs militaires incompétents de la Commune, d’« ambitieux » et de « malhonnête », Eugène Vermesch, du Père Duchesne, de « canaille », etc. Ce sont d’ailleurs ces éléments révolutionnaires parasites que Marx vilipendait dans La Guerre civile en les désignant comme de « simples braillards qui, à force de répéter depuis des années le même chapelet de déclarations stéréotypées contre le gouvernement du jour, se sont fait passer pour des révolutionnaires de la plus belle eau » et finissaient par gêner « l’action réelle de la classe ouvrière ». On reconnaît là l’animosité constante de Marx à l’égard de certains types de gesticulateurs français, « révolutionnaires de la phrase » d’un côté et « ânes de proudhoniens » de l’autre. À propos de l’influence proudhonienne durant la Commune, elle se fit ressentir par la tonalité nettement fédéraliste de la Déclaration au peuple français, rédigée par le journaliste Pierre Denis, qui servit de programme à la Commune. À l’opposé, les disciples historiques de Proudhon, tels Henri-Louis Tolain, Ernest Fribourg, Amédée-Jérôme Langlois ou Gustave Chaudey (exécuté sommairement sur ordre de Raoul Rigault), se retrouvèrent dans le camp de l’ordre.
Depuis Londres, la solidarité avec la Commune fut difficile et laborieuse. Contrairement à ce que l’ensemble de l’historiographie marxiste et son pendant antimarxiste ont longtemps fait croire, Marx n’était pas le dirigeant de l’Internationale et ne disposait pas de la mainmise sur le Conseil général – on peut estimer qu’il l’eut plus certainement à la suite de la conférence de Londres en septembre 1871. Les divergences au sein du Conseil général pouvaient être âpres avec les leaders opportunistes des trade unions, qui s’opposaient à une prise de position trop empressée. Le 28 mars, le Conseil général de l’AIT adopta une timide résolution de sympathie vis-à-vis de la Commune. Dans le journal Beehive, le positiviste Beesly fut parmi les premiers à prononcer une défense de la Commune de Paris ; bien qu’opposé au collectivisme et hostile à la violence, cela n’altérait pas en lui l’admiration pour la défense de la cause des travailleurs qui s’incarnait dans la Commune. Dans une lettre à Frankel et Varlin, Marx disait avoir
envoyé des centaines de lettres « à tous les coins de la terre où nous avons des relations » pour informer de la situation parisienne. Le 4 avril, le Conseil général décida d’écrire une proclamation en soutien au peuple insurgé de Paris, dont on confia la rédaction à Marx. Puis, pendant plus d’un mois, en dehors de la participation à un meeting de soutien avec la branche française de Londres le 16 avril, l’Internationale demeura étrangement muette jusqu’au 30 mai. Pourquoi un tel atermoiement de la part de l’AIT dans un contexte si tragiquement pressant ? Marx, malade, suspendu à l’attente d’un dénouement, récoltant les moindres détails dans la presse, manquant parfois d’informations fiables, attendit l’issue fatale de la Commune pour en sublimer la portée historique. Deux jours après la fin de la Semaine sanglante était enfin publiée la fameuse Adresse du Conseil général de l’Association internationale des travailleurs, plus connue sous le nom de La Guerre civile en France.
La fulgurance – on peut parler de violence, qui semble d’ailleurs avoir été tempérée au regard des brouillons originaux – du texte de Marx, sa défense intellectuelle et guerrière de l’œuvre de la Commune, qui trouve sa justification par et pour elle-même, le retournement d’accusation au sujet de l’exécution des otages (« Le vrai assassin de Darboy est Thiers7 »), l’évocation, enfin, du caractère révolutionnaire de la Commune, qui permit à la classe ouvrière non seulement de saisir le pouvoir mais aussi de détruire la machine d’État et de reléguer au passage la religion dans la sphère privée… tout cela et plus conféra au texte une dimension proprement scandaleuse aux yeux de l’ordre existant.
La Guerre civile en France portait à tout égard l’empreinte exclusive de Marx, mais ne put être revendiquée comme telle, car ce texte engageait d’abord la responsabilité politique collective du Conseil général de l’Internationale8. À sa lecture, l’Adresse fut approuvée et signée unanimement, y compris par les leaders des syndicats anglais George Odger, Benjamin Lucraft et Frederic Lessner. Pourtant, face au tollé provoqué par le texte à travers la presse, Odger et Lucraft se rétractèrent puis se dissocièrent de l’Internationale entraînant avec eux la majeure partie des trade unions. Par souci de carriérisme politique, ils ne pouvaient se compromettre avec ceux qui étaient brocardés partout comme d’abominables criminels et incendiaires. L’information selon laquelle Marx était l’unique rédacteur du texte fuita et il en revendiqua rapidement la paternité dans un courrier adressé au Daily News le 26 juin. La nouvelle fit les délices de la propagande versaillaise : c’était bien la preuve que l’instigateur de la Commune était allemand ! Le scandale agissant comme la plus puissante des publicités, La Guerre civile fut rééditée trois fois en deux mois et diffusée dans la presse mondiale, hostile ou amie, en plusieurs langues. « L’Adresse fait un bruit du diable, écrivait Marx en se délectant de sa célébrité tardive, et j’ai l’honneur d’être, en ce moment, l’homme le plus calomnié et le plus menacé de Londres. Cela fait vraiment du bien, après vingt ans d’une ennuyeuse idylle9. » Dans le journal conservateur britannique Pall Mall Gazette du 20 juillet, on pouvait lire : « Marx, d’origine israélite, a pour responsabilité d’avoir fait émerger l’utopie dans la réalité en se mettant à la tête d’une vaste conspiration dans le but d’établir une politique communiste. » De quoi prendre ses rêves pour la réalité !
Bientôt, des centaines de réfugiés affluaient dans les pays qui pouvaient leur offrir l’asile. Ils purent atteindre le nombre de 3 000 en Belgique, un petit millier en Suisse et jusqu’à 3 500 en Grande-Bretagne. Le gouvernement britannique décida de ne pas appliquer la circulaire Favre qui réclamait qu’on livra les fugitifs. Toutefois le soutien resta faible. Les trade unions, qui se concentraient sur la revendication de la journée de 9 heures, tournèrent le dos aux communards. En juillet, ils envoyaient la somme conséquente de 600 £ aux grévistes des fabriques de tabac d’Anvers mais n’offrirent aucune aide concrète aux réfugiés.
De son côté, Marx fit intégrer un certain nombre de communards au sein du Conseil général : des blanquistes comme Édouard Vaillant, ex-délégué à l’instruction sous la Commune, Ernest Granger, Édouard Marguerittes et Constant Martin ; son futur gendre Charles Longuet ; le bakouniniste André Bastelica, brièvement ; Jules Johannard, ex-délégué à la Commission de la guerre ; Wroblewski, commandant héroïque de la Butte-aux-Cailles ; Léo Frankel, ex-délégué à la Commission du travail, et Albert Theisz, ex-délégué à la direction des Postes. Certains, comme Vaillant, Frankel et Theisz, tissèrent des liens d’amitié avec Marx et s’intéressèrent de près à ses travaux. Lissagaray fréquenta un temps le domicile de Marx et entama une relation sentimentale avec sa fille cadette de 17 ans, Eleanor, mais il fut vite écarté par l’entourage, qui voyait d’un mauvais œil cette liaison en raison de leur différence d’âge.
Outre ces rapports personnels, l’alliance avec ces communards avait aussi un but tactique dans les conflits qui animaient l’AIT10 : « Pour Marx, rappelle l’historien Maurice Dommanget, l’adjonction dans le Conseil général des réfugiés de la Commune en général et des blanquistes en particulier répondait à une nécessité. On ne saurait trop le répéter : il en avait besoin pour faire contrepoids à la fraction bakouniniste, dont l’influence grandissait. Mais, en introduisant des militants blanquistes dans le Conseil général de l’Internationale, c’est un peu comme si Marx avait introduit des loups dans la bergerie. Il n’est pas douteux […] que les blanquistes avaient l’arrière-pensée de parvenir à l’hégémonie dans le groupement universel du prolétariat11. » Le produit concret de cette alliance fut l’adoption de la résolution IX lors de la conférence de Londres en vue de l’intégrer aux statuts de l’AIT. Celle-ci, inspirée par Vaillant, puis rédigée par Marx, stipulait :
« que contre ce pouvoir collectif des classes possédantes le prolétariat ne peut agir comme classe qu’en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes ;
que cette constitution du prolétariat en parti politique est indispensable pour assurer le triomphe de la révolution sociale et de son but suprême : l’abolition des classes ».
Cette résolution constitua une pomme de discorde au sein de l’Internationale. Les anti-autoritaires y dénoncèrent une tentative de transformation de l’AIT en une organisation centralisée. Il y avait également là un danger d’orienter le mouvement ouvrier vers une ligne politique uniforme et, en lui faisant prendre la voie parlementaire voire gouvernementale, de le mettre incidemment sous la tutelle d’une élite des meneurs socialistes politiciens, en lieu et place du développement des luttes sociales, seules garanties de son autonomie.
Ces profondes fissures dans l’édifice fragile de l’Internationale conduisirent à sa dislocation au congrès de La Haye, en 1872. Les blanquistes, qui s’étaient sentis instrumentalisés par Marx et qui n’avaient pu à leur tour l’utiliser, lui tournèrent le dos.
Dans les premiers mois qui suivirent la Commune, Marx et ses proches avaient apporté une aide matérielle sans retenue aux proscrits. Marx et Engels avaient écrit de multiples lettres à divers journaux pour répondre aux insultes qui y étaient proférées. Un courrier de la fille aînée de Marx, Jenny, témoigne de cette activité fébrile :
« Les calomnies écœurantes de la presse vénale éhontée ont insufflé aux Anglais tant de préjugés contre les communards qu’ils sont considérés en général avec un dégoût non dissimulé. Les entrepreneurs ne veulent rien avoir affaire avec nous. Les hommes qui ont réussi à décrocher un emploi sous un nom d’emprunt sont congédiés sitôt que l’on s’aperçoit de leur identité.
[…] Voilà depuis plus de six mois que l’Internationale soutient la grande masse des bannis, autrement dit les tient tout juste en vie. Mais, à présent, nos ressources sont épuisées.
[…] Vous pouvez vous imaginer combien ces difficultés et ces soucis torturent notre pauvre « Maure »12. Il ne doit pas seulement lutter contre tous les gouvernements des classes dominantes, mais il doit par-dessus le marché tenir tête à l’assaut de propriétaires du type « gros, gras et jovial », qui l’attaquent parce que l’un ou l’autre des communards n’a pas payé son loyer13. » Mais bientôt, à mesure que les moyens de solidarité s’amenuisèrent, les liens de Marx avec les communards se détériorèrent. Marx avait vite été exaspéré par l’ingratitude d’une partie des Français exilés qui accusaient le Conseil général de tendances pangermanistes : « L’objet de leurs attaques, ce ne sont pas les gouvernements ligués contre nous ni les classes dirigeantes d’Europe, c’est le Conseil général de Londres et plus spécialement ma modeste personne. Et voilà ma récompense pour avoir perdu presque cinq mois à travailler pour les réfugiés, et pour avoir sauvé leur honneur, par la publication de La Guerre civile en France14 », écrivait-il à Sorge, non sans outrecuidance.
En juin 1872, des communards fraîchement débarqués à Londres livraient pour leur part un descriptif amer :
« Après le grand désastre, nous arrivions à Londres meurtris, mais pleins d’espoirs. Nous espérions y trouver des amis, comme nous en avions trouvé en Belgique.
Notre espoir fut de courte durée. Notre réception à Holborn15 fut mauvaise. Le mot de « mendiant » fut même prononcé par K. Marx et vivement relevé par l’un de nous, Rouiller. Les vaincus venaient demander des secours. L’aumône fut maigre d’abord, presque nulle ensuite. On avait promis du travail, on en offrit, mais dérisoire et impossible. Puis, on ne s’en occupa même plus, prétextant que le Grand Conseil n’était pas un bureau de placement16. »
Dans une correspondance, Engels donnait confirmation des rapports délétères avec les communards : « L’émigration française est tout à fait divisée ; ils se sont brouillés entre eux, et avec tout le monde du reste, pour des motifs purement personnels, affaires d’argent presque toujours, et nous nous sommes débarrassés d’eux. Ces gens voudraient tous vivre sans travailler réellement, ont la tête pleine de prétendues inventions qui doivent produire des millions. […] La vie de bohème menée durant la guerre, la Commune et l’exil ont cruellement démoralisé ces gens17. »
Fort heureusement, la grande histoire ne retint que l’hommage à l’héroïsme des communards et la vision prophétique d’une nouvelle phase dans la lutte des classes, non telle mesquinerie ou telle bassesse. La Guerre civile en France demeura un objet à la fois magnifié et dérangeant dans l’œuvre de Marx, en raison de sa critique affirmée de l’État18.
Marx entrevit dans la Commune de Paris – quitte à en amplifier les « tendances inconscientes » socialistes et à en gommer les divisions et les erreurs qui ont rythmé la séquence – « la forme enfin trouvée » d’une révolution prolétarienne, celle d’un gouvernement de producteurs qui tournerait le dos aux anciennes formes de pouvoir politique. « La classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre comme telle la machine de l’État et de la faire fonctionner pour son compte » ; elle doit briser « la machine militaro-bureaucratique ». La Commune « fut une révolution contre l’État lui-même, cet avorton surnaturel de la société ; ce fut la reprise par le peuple et pour le peuple de sa propre vie sociale. Ce ne fut pas une révolution faite pour transférer ce pouvoir d’une fraction des classes dominantes à une autre, mais une révolution pour briser cet horrible appareil même de la domination de classe », avait écrit Marx dans ses textes préparatoires.
Marx rompait ici avec les conceptions jacobines de dictature centralisée héritées de 1793 et les schémas blanquistes de coup d’État d’une minorité agissante coupée des masses. Il soulignait les mesures antibureaucratiques de la Commune, comme celles instituant des mandats impératifs ou l’élection et la révocabilité des responsables publics. Il s’agissait bien de « transformer l’État, organisme qui est mis au-dessus de la société, en un organisme entièrement subordonné à elle », comme Marx l’écrivit dans sa Critique du programme de Gotha, et non d’étatiser la société, comme le firent ses épigones bolcheviques.
D’ailleurs, son rival Bakounine, qui remarquait lui-même que la Commune avait agi comme une « audacieuse négation de l’État », notait malicieusement cette inflexion antiétatique chez Marx, qu’il croyait irrémédiablement attaché à une forme rigide de « communisme d’État » : « L’effet de l’insurrection communaliste fut si formidable partout que les marxiens eux-mêmes, dont toutes les idées avaient été renversées par cette insurrection, se virent obligés de tirer devant elle leur chapeau. Ils firent plus : à l’encontre de la plus simple logique, et de leurs sentiments véritables, ils proclamèrent que son programme et son but étaient les leurs. Ce fut un travestissement vraiment bouffon, mais forcé19. » Cette critique de l’État dans La Guerre civile œuvra-t-elle pour autant comme un corps étranger dans la pensée de Marx ? C’est aussi ce que voulurent croire les sociaux-démocrates au sein de la IIe Internationale, qui s’empressèrent d’enfouir la théorie du dépérissement de l’État et s’installèrent dans le parlementarisme comme dans la forme politique la plus achevée.
Marx s’est toujours gardé de détailler le programme de la société communiste du futur, ou celui de la période de transition dite de « dictature du prolétariat », à laquelle il ne fit allusion qu’à de fugaces reprises. Le terme était d’ailleurs absent de son texte sur la Commune – sans doute pour ne pas provoquer l’effroi parmi les tendances les plus modérées de l’Internationale. La mention la plus explicite en fut donnée en 1875 dans la Critique du programme de Gotha : « Entre la société capitaliste et la société communiste se situe la période de transformation révolutionnaire de l’une en l’autre. À cette période correspond également une phase de transition politique, où l’État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat ». Le Manifeste du parti communiste de 1847 donnait quelques éléments concrets sur la nature de cette période de transition en établissant dix mesures à prendre après « la conquête de la démocratie » par « le prolétariat organisé en classe dominante » (mais seulement pour « les pays les plus avancés », précisait-il). Ces mesures mettaient l’accent sur une forte centralisation et coercition économique mais n’indiquaient par ailleurs aucune forme de restriction démocratique. Marx refusait d’hypothéquer idéologiquement l’avenir, conscient que la lutte des classes était le mouvement véritablement déterminant de tout bouleversement social.
Anton Pannekoek, qui devint plus tard le théoricien des conseils ouvriers, fut parmi les premiers marxistes à s’opposer à l’orthodoxie en vigueur dans la IIe Internationale et à exhumer la thèse marxienne du dépérissement de l’État. Il écrivait en 1912 dans la Neue Zeit :
« Le combat du prolétariat n’est pas simplement un combat contre la bourgeoisie, pour le pouvoir d’État en tant qu’objet, c’est aussi un combat contre le pouvoir d’État. Le problème de la révolution sociale peut s’exprimer, d’une manière concentrée, comme suit : il s’agit de développer la force du prolétariat au point qu’elle soit supérieure à celle de l’État ; le contenu de cette révolution, c’est l’anéantissement et la dissolution des moyens d’action de l’État par ceux du prolétariat. »
Puis, en 1914, confronté à la palinodie chauvine de la IIe Internationale devant le conflit mondial, Nikolaï Boukharine s’opposa à son tour à la ligne opportuniste de la social-démocratie en affirmant que, si celle-ci devait être l’éducatrice des masses, elle se devait plus que jamais d’affirmer une hostilité de principe envers l’État. Dans un texte de 1915, intitulé « Contribution à une théorie de l’État impérialiste », il affirmait que le marxisme n’était pas un étatisme. Lénine, formé à la social-démocratie la plus officielle, s’en scandalisa au point de qualifier cette théorie de « comble d’absurdité » et de traiter Boukharine de « semi-anarchiste », ce qui dans sa bouche n’était pas la moitié d’une insulte.
Enfin, durant l’été 1917, Lénine s’appropria ces positions en prétendant opérer un retour à Marx afin de « reconstituer la véritable doctrine marxiste de l’État ». La Guerre civile en constituait une des références essentielles. Durant son court mais confortable exil finlandais chez Rozio, « le chef des policiers finnois20 », il prit les notes qui servirent à la rédaction de L’État et la révolution. Cette brillante exégèse agissait comme une double critique, envers la traîtrise politique des sociaux-démocrates et contre l’impatience des anarchistes à « prendre les choses à rebours » et à vouloir faire sauter l’État avant d’imposer des mesures coercitives à la classe des exploiteurs. Toutefois, à cette période, Lénine ne craignait plus de se voir confondu avec les anarchistes. On pouvait y lire :
« Apprenons donc des communards l’audace révolutionnaire, tâchons de voir dans leurs mesures pratiques une esquisse des mesures pratiquement urgentes et immédiatement réalisables ; c’est ainsi que nous parviendrons, en suivant cette voie, à détruire complètement le bureaucratisme.
Ce qui garantit la possibilité de cette destruction, c’est que le socialisme réduira la journée de travail, élèvera les masses à une vie nouvelle, placera la majeure partie de la population dans des conditions permettant à tous, sans exception, de remplir les « fonctions publiques ». Et c’est ce qui conduira à l’extinction complète de tout État en général. »
Jusqu’à la révolution d’Octobre, le leader bolchevik multiplia les gages de spontanéisme en donnant la primauté au « génie créateur des masses » sur l’action d’une avant-garde socialiste et s’insurgeait contre « le préjugé qui veut que les affaires de l’État soient une tâche inaccessible aux ouvriers ». Il affirmait : « La république parlementaire bourgeoise entrave, étouffe la vie politique autonome des masses, leur participation directe à l’organisation démocratique de toute la vie de l’État, de bas en haut21. »
« Nous nous assignons comme but final la suppression de l’État, martelait encore Lénine, c’est-à-dire de toute violence organisée et systématique, de toute violence exercée sur les hommes, en général. » Chacun put juger combien les moyens aliénés dévoyèrent le but final. L’exercice absolu de l’État eut tôt raison de l’utopie affichée dans L’État et la révolution. Le rêve d’un monde où « chaque cuisinière saurait gouverner l’État » se transforma rapidement en cauchemar, celui d’un État totalitaire qui enrôlait de force la dite cuisinière. En l’espace de quelques mois, sous la plume du même Lénine, l’autogouvernement des travailleurs devenait une « fable », une « déviation anarcho-syndicaliste », une « bourde », une « ineptie ». Tandis que le livre de Lénine sortait enfin en librairie en 1918, la répression s’abattait sur les anarchistes et les socialistes-révolutionnaires, et leurs journaux étaient interdits.
Lénine dansa dans la neige pour célébrer le dépassement par le nouveau régime des soixante-douze jours qu’avait duré la Commune et les bolcheviks firent effectivement tout pour maintenir leur suprématie, utilisant principalement la terreur policière22. Lénine avait bien lu et recopié l’enseignement de Marx dans
Le 18 Brumaire : « Toutes les révolutions politiques n’ont fait que perfectionner la machine étatique, au lieu de la briser. » Pourtant, le marxisme ne servit plus alors que de maquillage idéologique à la classe montante léniniste dans la transformation d’une Russie féodale en « capitalisme d’État ». La matrice de l’ancien régime, dont les bolcheviks devinrent les modernisateurs, fut le défaut caché du nouveau.
La Tcheka était devenue le secteur le plus dynamique de l’appareil d’État ; la bureaucratie croissait vertigineusement, obstruant les dernières velléités d’autonomie de la société civile ; les soviets se voyaient vidés de leur vitalité révolutionnaire pour devenir des organes du Parti désormais hégémonique ; Trotski en appelait à la militarisation de la production et des syndicats, la prétendue lutte contre les koulaks privait des millions de paysans de leur récolte et acculait toute la population à la famine, les fusillades répondaient aux grèves, etc.
En mars 1921, le régime bolchevik connut lui aussi un épisode de « Commune ». L’insurrection de Kronstadt crut refléter l’aurore d’une troisième révolution russe, elle ne fut que l’ultime tentative d’arracher le régime à sa schizophrénie et de mettre les actes en cohérence avec les slogans qui avaient porté les bolcheviks au pouvoir : « Tout le pouvoir aux soviets », réclamaient les mutins, « … pas au Parti ! », précisaient-ils. Kronstadt arrivait comme l’aboutissement d’une longue série d’agitations prolétariennes et paysannes réprimées23, durant lesquelles le régime bolchévik avait cristallisé toutes les détestations de la société russe. Les marins de Kronstadt exigeaient des élections libres, l’instauration des libertés démocratiques et la fin du communisme de guerre, seulement voilà, cela signifiait immanquablement la liquidation de la dictature des bolcheviks. Le 18 mars 1921, alors qu’on célébrait à Petrograd les quarante ans de la Commune, « le canon, tonnant sur Kronstadt, faisait sourdement vibrer les vitres24 » de l’Institut Smolny, quartier général des bolcheviks. Parallèlement à la répression, la Nouvelle politique économique était adoptée, libéralisant un temps l’économie tout en interdisant tout relâchement sur l’État qui eut été fatal au régime.
L’État bolchevik avait pris la voie du bonapartisme – qui faisait figure de farce en comparaison – décrit par Marx dans ses brouillons sur la Commune, à savoir « une excroissance parasitaire greffée sur la société civile », dont « la fonction répressive n’a cessé de se développer ». L’État stalinien, mis sur ces mêmes rails, acheva ce modèle, repoussant encore les limites imaginables.
1. Maximilien Rubel : « Deux interviews de Karl Marx sur la Commune », in Le Mouvement social, n° 38, janvier-mars 1962.
2. Lettre de Marx à Engels du 20 juillet 1870.
3. Lettre de Marx à Kugelmann du 13 décembre 1870.
4. Lettre de Marx à Kugelmann du 14 février 1871.
5. Il s’agit de Johannes von Miquel, ancien membre de la Ligue des communistes (1848-1852), devenu un des fondateurs du Parti national-libéral, qui soutenait la politique de Bismarck.
6. Lettre de Marx à Beesly du 12 juin 1871.
7. L’archevêque Darboy fut exécuté en compagnie de trois jésuites sur ordre de Théophile Ferré, le 24 mai, face au refus obstiné de Thiers de l’échanger contre Blanqui, alors emprisonné au fort du Taureau, dans la baie de Morlaix. Le 26 mai, la foule en colère tua 11 religieux, 35 gendarmes et 4 mouchards en représailles aux massacres auxquels se livraient les Versaillais depuis cinq jours.
8. Marx n’était qu’une signature parmi celles de l’Adresse initiale du 30 mai 1871 : Martin Boon, Bradnick, Buttery, Caihil, James Cohen, Eugène Dupont, Eccarius, Engels, Giovachini, James Hales, William Hales, George Harris, Herman Jung, Kolb, Lessner, Lucraft, Marx, George Milner, Thomas Mottershead, Charles Murray, Odger, Pfander, Ruhl, Sadler, Cowell Stepney, William Townshend, John Weston, Antoine Zabicki et Maurice Zevi. Les signataires de la présente édition correspondent à la composition du Conseil général au moment de la traduction française de l’Adresse par Charles Longuet, à la mi-juin 1872. Le Conseil général avait alors adjoint d’office un grand nombre de communards à la signature du texte.
9. Lettre de Marx à Kugelmann du 18 juin 1871.
10. Sur l’histoire de l’AIT et ses conflits, je me permets de renvoyer à mon livre et à sa bibliographie : Mathieu Léonard, L’Émancipation des travailleurs, une histoire de la Première Internationale, La Fabrique, 2011.
11. Maurice Dommanget : « Les blanquistes dans l’Internationale », in La Première Internationale, CNRS, 1968.
12. Surnom de Marx.
13. Lettre de Jenny Marx aux Kugelmann du 21 décembre 1871.
14. Lettre de Marx à Sorge du 9 novembre 1871.
15. Les locaux du Conseil général étaient situés au 256, High Holborn.
16. E. Teulière : « Réponse de quelques internationaux à la circulaire privée du Conseil général de Londres », le 10 juin 1872.
17. Lettre d’Engels à Sorge du 17 septembre 1874.
18. La reproduction en annexe de la présente édition du chapitre intitulé « Le caractère de la Commune », issu du premier essai de rédaction de La Guerre civile en France, nous donne un aperçu rare des matériaux qui auraient pu servir à la rédaction de l’ouvrage manquant de Marx sur l’État.
19. Michel Bakounine, lettre au journal La Liberté de Bruxelles, octobre 1872.
20. Georges Labica dans l’avant-propos de Lénine, Le Cahier bleu, Le marxisme quant à l’État, éd. Complexes, 1977, p. 9.
21. « Les tâches du prolétariat dans notre révolution » (1917), cité in Kostas Papaioannou, Lénine ou l’utopie au pouvoir, Spartacus, 1978, pp. 13-14.
22. Celle-ci commença à s’exercer durant l’été 1918, le décret « Sur la terreur rouge » fut pris le 5 septembre 1918.
23. Parmi ces révoltes citons celle, moins connue, d’Astrakhan en mars 1919, où des milliers d’ouvriers insurgés furent précipités dans la Volga une pierre attachée autour du cou.
24. Témoignage de Victor Serge dans Mémoires d’un révolutionnaire (1905-1945), Lux, 2010.